jeudi 7 juin 2007

MAHANO GE MAHANO parle de l'évolution administrative du Territoire d'Uvira

Attention à la falsification de l'histoire, voici la vraie.


Mahano ge Mahano un grand historien d'Uvira nous parle de l'évolution administrative de la Zone d'Uvira (1885-1960) (Source Revue BUGUMA). L'homme est resté égal à lui même. "Toujours fidèle à sa conscience".


Uvira la belle en image (Image de Congo-photo)

1. LE PAYS

La Zone d’Uvira, avec ses 3.031,87 Km de superficie est située à cheval sur 25° de longitude Est entre les 2° 6’ et 3° 6’ de latitude Sud. Elle s’adosse à la Zone de Walungu au Nord, Mwenga à l’Ouest et à celle de Fizi au Sud. La rivière Rizizi et le lac Tanganyika constituent ses limites orientales et forment frontière avec respectivement les républiques sœurs du Burundi et de la Tanzanie.

Du point de vue du relief, la Zone d’Uvira est une portion du versant oriental de la chaîne des MITUMBA qui court depuis le Shaba jusqu’à la région des volcans dans le Nord-Kivu. Elle est constituée de deux espaces nettement distincts :

* Le Piémont : large bande de terre située à 774 m d’altitude. Elle atteint parfois 35 Km de large en sa partie la plus étendue et se trouve confinée entre le lac Tanganyika et la Ruzizi à l’Est, et le versant occidental du graben africain à l’Ouest. Elle est généralement connue sous l’appellation de Plaine de la Ruzizi.
* Le Plateau : qui surplombe la plaine et culmine à 3.100 m d’altitude avec deux pics principalement dominants dans la région : le Kasinga et le Munanira.

Conséquence logique de ce contraste géographique, la Zone est soumise à deux types de climat également très nettement différenciés. Au piémont, un climat tropical humide à deux saisons : une longue saison pluvieuse allant d’Octobre à Mai et une petite saison sèche, de Juin à Septembre. En hauteur, un régime termique frais à écarts modérés. Le régime pluvieux apparaît à la frontière avec les Zones de Mwenga et Walungu.

Quant à la végétation, la plaine connaît la savane herbeuse, tandisque qu’en altitude la forêt des bambous voisine avec la bruyère.
Les écarts de température entre la plaine et le plateau varient entre 38° et 14° C (1).
Avec une population avoisinant les trois cents mille âmes, Uvira connaît une des fortes densités de la région et sans doute également de la République : ± 1OO/habitants au Km2.

2. LES HOMMES

Les Twa* sont cités parmi les occupants les plus anciens de l’actuel espace vira-fuliiru. Mais aujourd’hui, comme chacun le sait, si le terme Twa s’est jusqu’ici maintenu dans le langage, la silhouette, en revanche, a depuis longtemps déjà disparu du paysage.

Ils ont disparu, soit décimé par les épidémies, soit fondus corps et âme dans les nouvelles cultures dont ils ont épousé coutumes, langues et valeurs au détriment des leures propres.

Trois langues sont actuellement pratiquées dans la zone : le Fuliiru, de la Kiliba à la Ruvimvi ; le Kijoba, de la Kalyamabenga à la Sanza, jadis frontière entre Vira et Bembe ; le Kivira, langue hybride, issue de la rencontre du Fuliiru avec le Kijoba. Elle se pratique dans la plaine, depuis la Kalyamabenga ; en hauteur, depuis la Molongwe jusqu’à la Kiliba. En fait, son champ d’extention couvre, outre les zones où s’est opéré un vaste brassage de population, les régions qui sont passées alternativement d’une collectivité à l’autre selon les fortunes diverses qu’ont connues les multiples tentatives d’hégémonie qui ont jadis ponctué les relations entre les deux peuples frères.


(1) WEIS, G, Le Pays d’Uvira, Bxlles, Duculot, 1959,
* Les noms des peuples sont parfois donnés sans préfixe.
EX. Les Battwa = les Twa, les Banyarwanda = les RWANDA.

Si les Vira-Vuliiru forment deux communautés politiques distinctes, sur le plan culturel, ils se renconnaissent une certaine identité, identité de comportements, de croyances, de rites, de tabous, d’objets rituels et culturels communs.

Cuypers, cité par Vansina dans son Introduction à l’Ethnographie du Congo, rattache le groupe Vira-Fuliiru au groupe Hunde, Vira, Tembo, Shi, Havu et Hutu du Ruanda et du Burundi.

Partis du Nord-Est, les Vira-Fuliiru seraient descendus vers le Sud et traversant l’Ulindi, se seraient installés sur les terres qui constituent leur fief actuel. Toutefois Cuypers pense que la descente ne s’est pas faite d’un seul trait, mais a été retardée par un long détour à travers le Maniema (2).

Avec à sa tête un certain Nalwindi hypothétique ancêtre et leader du mouvement, le groupe se serait encore scindé en deux, les Fuliiru descendant sous la conduite de Kahamba Kalingishi et s’installant sur les hauteurs de Lemera ; tandisque les Vira, sous la houlette de Kirunga s’installaient sur le pic de Munanira, d’où ils essaimeront vers les terres basses de la vallée et sur tout leur territoire actuel. Commencé au 16è siècle, cette installation se serait terminée au 17è siècle, comme en témoignent, aux dires des auteurs, les empruntes qu’en porte alors déjà le territoir (3).

Un autre version, inconnue de Cuypers et de Vansina, celle-là, et partant peu familière aux milieux lettrés, rattache le Kijoba au Kibwari et au Kigoma dont elle rapproche les locuteurs en faisant les descendants d’un hypothétique ancêtre également commun.

Bien que peu repercutée dans les milieux intellectuels, cette hypothèse est pourtant très clairement suggérée par Moeller qui dit substantiellement : « Il semble que jusque vers 1650 environs, le territoire actuel des Babembe était inhabité. Le long des rives du lac seulement, il existait à cette époque des Basandje ou Basoba, c’est-à-dire des riverains ou pêcheurs » (4)
Quand on sait que Ubwari, actuelle baie de Burton, et Uvira ne sont que des noms de sites géographiques, que les véritables et authentiques occupants de l presqu’île ont pour nom les « Masanze », avec le peu que nous avons dit sur les langue en usage à Uvira, point n’est besoin de s’interroger sur l’importance que revêt l’exploration de cette nouvelle voie, pour quiconque veut reconstituer la véritable histoire du peuplement de cette partie de la République.

A côté de ces peuples déjà cités, nous trouvons également dans le voisinage des Vira-Fuliiru, les Shi au Nord, les Lega à l’ouest, les Bembe au Sud, les Hutu à l’Est.

Avec les voisins de l’Est, les Hutu du burundi, les relations seront multiformes. Sur le plan commercial, le Burundi fournira aux Vira-Fuliiru des bovin, ovins et caprins. Les boucs de Muzinda ont en effet bonne réputation dan la plaine de la Ruzizi.

(2) Cuypers, les bantours interlacustes du Kivu, p. 201.
(3) Weis, G, op. cit. p. 142.
(4) Moeller, A, les grandes lignes des migrations des Bantous de la province orientale du Congo-Belge, IRCB, Bxlles, 1936, p. 45.

En plus de bonnes relations commerciales, certains de nos voisins de l’Est proposeront également leurs bras comme main-d’œuvre agricole. Ces bonnes relations se poursuivront tout au long de la période coloniale et ne s’estomperont qu’avec l’accession des deux pays à la souveraineté internationale. Les Vira-Fuliiru, pour leur part, fourniront à leurs voisins de l’ivoire, du cuivre, du fer, des produits vivriers, tabac, bananes, sorgho, haricots…

Peu avant l’occupation européenne, vers 1850 pensent certains auteurs, un groupe de dissidents Barundi traversent la Ruzizi et se mettent sous l’autorité des Chefs vira-fuliiru, moyennant tribut (Tulo) (5). Ndabagoye, descendant de Ndorogwe, leader de ce mouvement sera élevé au rand de chef par la puissance coloniale en 1928, lors de la création de la chefferie des Barundi, actuelle collectivité de la Plaine de la Ruzizi (6).

La création de cette chefferie fut, on s’en doute bien, dictée par le souci de battre en brèche et de grignoter l’autorité des chefs vira-fuliiru notamment Makumika et Mukogabwe, réputés réfractaires aux impositions de l’administration coloniale qui finira d’ailleurs par les destituer, Mukogabwe en 1927, Makumika en 1930.

Tard venus dans la région, nous avons les Ruanda, dont Weis, G, situe les premières infiltrations vers 1900. Kagame les situe un peu avant 1896, mais la véritable immigration rwanda dans la région a lieu entre 1920 et 1930 sous la direction d’un certain Kaïla.
La référence de son groupe est signalée pour la première fois en 1924 à propos d’un raffle de bétail dont il avait été victime de la part de Mukogabwe (7).

Plus que l’inhospitalité des chefs, c’est celle du climat qui contraindra les immigrés à prendre le sentier du plateau, encouragés en cela par la puissance administrante, incapable de les défendre contre les ravages du paludisme (Inyongo) sévissant dans la plaine.
C’est là qu’ils mènent jusqu’aujourd’hui, une existence semi-nomade.

A partir de 1954, dans une ultime tentative de les sédentariser, la puissance administrante avait fait pression sur les chefs autochtones pour accepter certains comme Kapita de villages, en dépit de l’opposition des populations vira-fuliiru. Mais même cette formule ne parvint pas à les fixer définitivement.

Ce premier contingent sera fortement renfloué en 1959-1960, lors de la grande migration des Ruanda-Tutsi, consécutive à l’indépendance du Ruanda et à la révolte des Hutu contre la domination de la minorité Tutsi. Ceux-ci initialement installés à Lemera, Mulongwe et Kiringye, ont aujourd’hui déserté ces sites, surtout à la faveur de la rébellion de 1964 pour se disperser à travers les différentes villes et cités du pays.

III. HISTOIRE (1885-1960)

Lalgré la série d’explorateurs qui se succèdent dans la région entre 1850 et 1960, notamment :

- Burton et Speke en 1858
- Livingistone en 1867
- Bauman vers 1879
- Les Pères blancs Deniaud et Delaunay, l’occupation du pays ne sera effective qu’après la victoire de la Force Publique sur les mutins de la colonne Dhanis en 1899 (8).

(5) Depelchin, J.M.F., From Pre-capitalism to Imperialism : A history of social and Economic formations
in Eastern Zaïre (Uvir Zone, C 1800 – 1965, Stanford University, Ph. D. 1974, p. 84.
(6) A.S.S.Ki, Uvira, Arrêté du 18.08.1928
(7) ASSKi, Uvira, Lettre de l’A.T. Bradfer du 14.12.1924 au C.DD.
(8) Van Vracem, P, La frontière de la Ruzizi-Kivu de 1894 à 1900
UOC, E/ville, 1958, p. 20 – 21.

A la première subdivision administrative de l’E.I.C., le 1er Août 1888, le Kivu est batisé Territoire de la Ruzizi-Kivu et fait partie du District de Stanley-Falls.
Le chef-lieu de ce territoire est fixé à Uvira. Le territoire s’étend, en revanche, jusqu’à la Rutshuru.

En 1897, ce district est subdivisé en deux zones dont celle de Tanganyika, chef-lieu Uvira (9).
Un avis du Gouverneur Général du 21 Novembre 1904 aggrandit le territoire enordonnant le retrachement à ce dernier de la région situé entre la Rurshuru et le lac Edouard. Il reste néanmoins divisé en deux zone :
Rutshuru-Beni et Uvira. Nya-Lukemba, futur Bukavu, fondé en 1900 par Olsen, n’est alors qu’un des six secteurs de la zone d’Uvira.

Un arrêté royal du 7 Mars 1910 subdivise le Congo en 12 districts dont celui de Stanleyville qui compte parmi ses cinq zones, celle du Kivu. Par arrêté royal toujours, du 28 Mars 1912, le Congo est subdivisé en districts. Le Kivu devient un de ceux-ci et est subdivisé en trois secteurs :

- Lac Edouard, chef-lieu Beni
- Rutshuru, chef-lieu Rutshuru
- Tanganyika, chef-lieu Uvira.

Le chef-lieu du nouveau district est transféré à Rutshuru et y restera jusqu’en 1920, date de son transfert à Bukavu. Cette dernière est érigée en circonscription urbaine en 1925 malgré la préférence que certains fonctionnaires marquaient à Stanleyville pour Uvira.
L’inauguration a lieu le 1er Juillet 1926 et le 1er Octobre 1927, le nouveau chef-lieu troque son joli nom authéntique de Bukavu contre celui plus neerlandophone de constermansville, en mémoire de l’inspecteur Constermans, grand défenseur de la frontière de l’Est (10).

En 1925 également est réalisé par le Commissaire de District Van de Ghinstre, la première liaison auto-mobile Uvira-Bukavu. Uvira demeurera jusqu’en 1926, le chef-lieu du secteur du Tanganyika avant de devenir à partir de 1927, celui du territoire du Bufulero.

Avec la réforme administrative de 1933 qui divise le pays en six provinces, Constermansville en devient une, subdivisée en deux districts :

- le Kivu, chef-lieu Constermansville
- le Maniema, chef-lieu Kasongo

Le Kivu compte alors sept territoires dont celui des Bafuliiru que le Belge pour une prononciation plus commode écrit et prononce BAFULERO. Le chef-lieu est à Uvira (11).

L’ordonance de Mars 1935 accorde les noms des chefs-lieux aux territoires à la place des noms des tribus ; le territoires devient ainsi territoire d’Uvira, situation qui restera inchangée jusqu’en 1950 (12).

En 1951, le Kivu est subdivisé en trois districts :

- le Nord-Kivu, chef-lieu Goma
- le Maniema, chef-lieu Kindu
- le Sud-Kivu chef-lieu Bukavu.
Uvira est compté comme chef-lieu d’un des territoires du Sud-Kivu. Et c’est seulement Sous-Région du Sud-Kivu.

(9) Van Vracem, P, op. cit. p. 10
(10) Willaert, M, Kivu redecouvre, Max Arnola, Bxlles, p. 143
BACB 1927, p. 329.
(11) BACB 1933, p. 510; 610-621
B.O. 1933, p. 1004-1035.
(12) BACB 1951, p. 51-65.

Mahano ge Mahano

2 commentaires:

INDL a dit…

Mon vieux Mahano Ge Mahano a trompé. Le territoire d'Uvira a vu le jour en 1938 par l'Ordonnance-Loi n° 21/91 du 25 Février 1938 modifiée par celle n° 67/221 du 03 Mai 1967. L’appellation du territoire de Bufulero vient d'où?

INDL a dit…

Mahano Ge Mahano a trompé. Le territoire d'Uvira a vu le jour en 1938 l'Ordonnance-Loi n° 21/91 du 25 Février 1938 modifiée par celle n° 67/221 du 03 Mai 1967. L’appellation du territoire de Bufulero vient d'où?